Aristide Briand (1862-1932)
Pacificator
Aristide Briand a porté le projet de loi de séparation de 1905 devant la Chambre. Il était le rapporteur de la commission chargée de le rédiger. Il est parvenu à faire adopter un texte consensuel et équilibré.
Aristide Briand, avocat de formation, a eu la lourde tâche de coordonner la commission chargée de rédiger le projet de loi de séparation, puis de le défendre à la Chambre des députés. Connu pour son éloquence et son humour, il était aussi un proche du socialiste Jean Jaurès, qui était un soutien important pour faire voter la loi.
En 1903, lorsqu’une commission parlementaire est instaurée pour préparer un projet de loi de séparation, presque la moitié des députés qui la composent ne sont pas pour la séparation ou estiment qu’il est encore trop tôt pour la mener. Aristide Briand en est le rapporteur. Il sait qu’avec une très courte majorité – 17 pour, 16 contre – il est possible que les travaux échouent. Il n’en est rien, un projet est prêt en mars 1905 et sera débattu à partir d’avril à la Chambre.
Durant les débats, Aristide Briand, excellent orateur, joue de ses talents pour convaincre et négocier certains articles de la loi qui sont loin de faire l’unanimité. Comme souvent lors de sa carrière politique, il est accusé d’être trop modéré, sans grande conviction, opportuniste. Il est aussi réputé pour ne pas bien travailler ses dossiers et pour improviser ses discours. Jean Jaurès parle même de « l’ignorance encyclopédique » d’Aristide Briand.
Quoi qu’il en soit, il obtient le vote d’une loi d’équilibre qui garantit d’une part la liberté de conscience de chacun (croire, ne pas croire, changer de conviction) et d’autre part la neutralité de l’État.
Son histoire
Aristide Briand vient d’une famille modeste bretonne. Il est fils d’aubergistes. Il est élève boursier, puis il travaille pour financer ses études de droit. Il devient avocat à Saint-Nazaire où il est proche des milieux syndicalistes révolutionnaires. Il fait partie des théoriciens de la grève générale. En arrivant à Paris, écrit régulièrement pour le journal anticlérical La Lanterne. Il est lui-même libre penseur.
Après l’adoption de la loi de 1905, il est nommé ministre de l’instruction publique et des cultes. Il est donc chargé de mettre en place la loi qu’il a largement contribué à faire voter. Il s’éloigne peu à peu des socialistes pour se rapprocher du centre. La rupture intervient en 1910, lorsqu’Aristide Briand s’oppose à une grève des chemins de fer.
Après la guerre, il s’engage auprès de l’ancêtre de l’Onu, la Société des Nations, pour la paix. Il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1926.
Anecdote
Aristide Briand a tenté de faire abolir la peine de mort en 1908.