Émile Combes (1835-1921)
Terminator
Émile Combes donne un grand coup d’accélérateur à la séparation de l’Église et de l’État.
Ce sénateur radical devient chef du gouvernement en 1902. Peu connu, il est propulsé à ce poste parce que… personne n’en veut ! Après la démission du gouvernement précédent, il doit mettre en application la loi de 1901 sur les associations. Cette loi prévoit que les congrégations religieuses doivent demander des autorisations pour continuer à enseigner à des élèves. Émile Combes a dirigé la commission sénatoriale qui a travaillé sur la loi de 1901. Son tempérament fort et le manque de candidats font de lui l’homme de la situation.
Émile Combes, très anticlérical, fait refuser un grand nombre d’autorisations demandées par des congrégations. Il fait fermer les établissements qui n’avaient pas envoyé les documents pour demander cette autorisation.
En 1904, il va plus loin : il fait voter une loi qui interdit aux congrégations religieuses d’enseigner. Il propose aussi un monopole de l’État sur les écoles, ce qui est bloqué au Sénat.
Dans le même temps, les relations entre la France et le pape se détériorent jusqu’à la rupture diplomatique en 1904. L’ambassadeur de France est renvoyé dans l’Hexagone. Il n’y a plus de communications officielles avec le pape.
Étant donné que, avant 1905, les relations entre les catholiques et l’Etat français étaient gérées à partir d’un traité signé avec le pape (le Concordat), et que les relations sont rompues, il faut voter une nouvelle organisation. Les républicains choisissent la séparation des Églises et de l’État actée par la loi du 9 décembre 1905. Cette loi pose les bases de la laïcité en France.
Émile Combes démissionne du gouvernement en janvier 1905, avant le vote de cette loi. En 1904, il avait déposé un projet de loi de séparation plus restrictif que celui finalement adopté.
Son histoire
Émile Combes venait d’une famille modeste. Il fait des études grâce à son parrain qui est curé et qui l’envoie étudier au séminaire. Pendant plusieurs années, Émile Combes se destine à la prêtrise. Finalement, on lui refuse d’être ordonné parce que les religieux doutent de sa vocation. Il passe donc des examens pour être diplômé en philosophie et en littérature avant de choisir de devenir médecin. Il entre en politique en 1876 en devenant maire de Pons (Charentes-Maritimes).
Anticlérical n’est pas antireligieux
S’il est clair qu’Emile Combes n’est pas un grand ami des évêques et du pape, il n’est pas pour autant opposé aux religions. Il trouve même qu’elles ont un rôle moral important dans la société. Il redoute que la séparation laisse les gens sans repères.
Émile Combes n’est pas complètement athée. Il se décrit comme un « philosophe spiritualiste », il croit en un dieu hors des dogmes religieux.
L’anecdote
On le surnommait « le petit père Combes » parce qu’il avait failli être prêtre.