Georges Clemenceau (1841-1929)
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Georges Clemenceau est chef du gouvernement juste après l’adoption de la loi de 1905. Il doit faire face au refus des catholiques d’appliquer la loi et à la « crise des inventaires ».
Cette figure de la République, député depuis 1876, est élu chef du gouvernement en 1906. Il forme l’un des plus longs gouvernements de la IIIe République (qui a duré un peu moins de trois ans). Son ministère ne sera pas de tout repos puisque les catholiques refusent d’appliquer la loi de 1905. Ils doivent constituer des associations cultuelles et procéder à l’inventaire des biens immobiliers de l’Église. Le pape le leur interdit. Certains inventaires virent à l’affrontement, il y a des morts. C’est la « crise des inventaires ».
Clemenceau (qui s’écrit sans accent) n’était pas tout à fait convaincu par la loi de séparation qu’il trouvait imparfaite, mais il l’avait quand même votée en expliquant « je me contente de ce qui m’est donné. Je crois que le pays, si la loi n’est pas votée, en éprouverait une grande déception ». Il était tout de même depuis bien longtemps un fervent partisan de la séparation de l’Église et de l’État et de la liberté de conscience. Il avait une réputation de républicain intransigeant.
Face à la crise des inventaires Aristide Briand, rapporteur de la loi de 1905 et ministre de l’instruction publique et des cultes en 1906, doit trouver une solution. Clemenceau lui reproche publiquement de ne pas avoir anticipé la réaction des catholiques, mais le soutient pour faire voter la loi de 1907. Cette nouvelle loi oblige les catholiques à rester dans la légalité en permettant à tous les croyants d’utiliser les lieux de culte, même s’ils ne leur appartiennent pas.
Son histoire
Georges Clemenceau est fils d’un médecin républicain, laïque et athée. Lui-même sera médecin et adoptera ces idées politiques. Il grandit en Vendée, où il effectue une partie de ses études de médecine avant de les poursuivre à Paris. Il a été marié à une américaine, Mary Plummer, dont il a divorcé en 1891. Il est surnommé le « tombeur de ministères » puisqu’il contribue à la démission de plusieurs gouvernements. Il a longtemps été journaliste et c’est lui qui aurait insisté pour que le fameux « J’accuse » de Zola soit en Une du journal L’Aurore le 13 janvier 1898. Clemenceau en aurait même trouvé le titre.
Clemenceau a lutté politiquement toute sa vie pour les libertés : liberté de la presse, liberté de conscience, liberté de l’enseignement. Toutes les libertés, même celles de ses ennemis politiques. Il était aussi opposé à la peine de mort et il s’est illustré en se confrontant à Jules Ferry au sujet de la colonisation (que Clemenceau exécrait).
Anecdote
Clemenceau, connu pour ses traits féroces qui lui valurent d’être surnommé « le Tigre », n’aimait pas Aristide Briand, qu’il traita de « socialiste papalin » en 1905. Il appréciait encore moins Jean Jaurès qu’il trouvait trop idéaliste.